Comment évaluer la valeur de son entreprise avant de la vendre ?

Arnaud DROH

Avant de vendre son entreprise, encore faut-il savoir ce qu’elle vaut réellement. C’est une question cruciale pour tout entrepreneur qui souhaite céder son activité dans de bonnes conditions. Trop souvent, des dirigeants fixent un prix basé sur l’intuition ou sur ce qu’ils « pensent mériter ». Pourtant, la valeur d’une entreprise se calcule avec méthode.

Dans son excellent ouvrage The Art of Company Valuation and Financial Statement Analysis, l’auteur Nicolas Schmidlin propose une approche claire, structurée et pragmatique de l’évaluation d’entreprise. Voici l’essentiel à retenir pour les entrepreneurs en phase de transmission.

Pourquoi évaluer son entreprise avant la vente ?

L’évaluation permet de :

  • Fixer un prix de vente réaliste, ni sous-estimé, ni exagéré.
  • Donner confiance aux acheteurs, en s’appuyant sur des chiffres et méthodes reconnus.
  • Préparer les négociations, en comprenant les leviers de valeur.

Trois grandes méthodes d’évaluation à connaître

1. L’approche DCF : Discounted Cash Flow (flux de trésorerie actualisés)

C’est la méthode reine des investisseurs professionnels.

Elle consiste à projeter les flux de trésorerie que l’entreprise générera dans les années à venir, puis à les actualiser à une valeur présente en tenant compte du risque.

Les étapes :

  • Prévision des flux de trésorerie sur 5 à 10 ans.
  • Choix d’un taux d’actualisation (WACC).
  • Calcul de la valeur terminale.
  • Actualisation de l’ensemble.

Avantage : reflète la capacité réelle de l’entreprise à générer du cash.
Limite : exige des prévisions fiables et prudentes.

2. L’approche par les multiples

Très utilisée pour les PME. Elle consiste à comparer l’entreprise à des sociétés similaires.

On applique des ratios de marché à l’entreprise :

  • EV/EBITDA (valeur d’entreprise / résultat opérationnel),
  • Price/Earnings (P/E),
  • EV/Sales (valeur d’entreprise / chiffre d’affaires), etc.

Avantage : méthode rapide et intuitive.
Limite : nécessite des comparables pertinents dans le même secteur.

3. L’approche patrimoniale (valeur des actifs nets)

Elle repose sur le calcul de la différence entre les actifs et les dettes.

Idéale pour les entreprises disposant de nombreux actifs (usines, terrains, brevets…).

Avantage : méthode simple pour les entreprises à forte base d’actifs.
Limite : peu pertinente pour les entreprises digitales ou de services.

À faire avant toute évaluation

Avant de lancer un processus de vente, quelques actions essentielles :

  • Assainir la comptabilité : clôturer les litiges, mettre à jour les bilans.
  • Mettre en ordre la gouvernance : clarifier la structure juridique et capitalistique.
  • Préparer un business plan réaliste : cohérent avec les projections utilisées.
  • Identifier les risques majeurs : dépendance client, contrats clés, litiges potentiels.

En résumé

L’évaluation d’une entreprise, c’est à la fois une science et un art. Comme le souligne Nicolas Schmidlin dans son livre, aucune formule ne peut à elle seule capter toute la valeur d’un business. C’est une combinaison d’analyse financière rigoureuse, de connaissance du marché, et de compréhension fine du modèle économique.

Si vous vous apprêtez à vendre, entourez-vous de bons conseils. Et surtout, ne laissez pas la valeur de votre entreprise au hasard.

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