Créer son entreprise sans être expert en finance : les bases pour prendre de bonnes décisions

Arnaud DROH

Créer une entreprise est une aventure enthousiasmante. Mais pour qu’elle tienne la route, il ne suffit pas d’avoir une bonne idée ou un réseau solide. Il faut aussi comprendre un minimum la logique financière qui gouverne toute activité économique. Rassure-toi : il n’est pas nécessaire d’avoir fait HEC pour cela. Il suffit de maîtriser quelques grands principes, clairs et accessibles à tous.

Pour piloter son entreprise avec intelligence, il y a des fondamentaux à connaître, dits fondamentaux inspirés du livre Finance pour non-financiers de Franck Nicolas,— même sans bagage comptable.

1. Comprendre les 4 piliers de la finance d’entreprise

Le bilan : c’est la photo de ton entreprise à un moment donné. Il répond à deux questions simples mais cruciales :

• Qu’est-ce que je possède ? (l’actif : outils, stock, argent en banque, créances…)
• Qu’est-ce que je dois ? (le passif : dettes, capital, charges à payer…)

L’équilibre est obligatoire : ce que tu possèdes = ce que tu dois.

Le compte de résultat : il retrace ce que ton entreprise a gagné ou perdu pendant une période donnée (mois, trimestre, année). Il fait la différence entre les produits (ventes, subventions…) et les charges (salaires, loyers, achats…).

La trésorerie : elle représente l’argent réellement disponible. Une entreprise peut être « bénéficiaire » mais se retrouver à court de cash — un piège redoutable si tu ne fais pas attention aux décalages de paiement.

Le flux financier : il faut toujours te demander :

• D’où vient l’argent ?
• Où est-il passé ?

2. Résultat ≠ Trésorerie : ne confonds pas bénéfice et cash

Une erreur fréquente des créateurs d’entreprise : croire que faire du chiffre = avoir de l’argent. Faux.

Tu peux avoir un chiffre d’affaires élevé mais une trésorerie vide, si tes clients te paient à 60 jours et que tes charges tombent tout de suite. Il faut donc :

• Bien gérer les décalages de trésorerie,
• Suivre de près les encaissements et décaissements,
• Prévoir un fonds de roulement suffisant dès le départ.

3. La logique financière est une boussole pour décider

Même sans être un financier, tu dois t’entraîner à te poser les bonnes questions, en toute simplicité :

• Est-ce que cet investissement va rapporter plus qu’il ne coûte ?
• Cette dépense est-elle utile à court terme ou est-ce juste un confort ?
• Ai-je les ressources (argent, temps, compétences) pour soutenir ce projet ?

Un bon entrepreneur ne gère pas « au feeling ». Il anticipe, calcule et arbitre.

4. Générer des « auto-ressources » : l’indépendance commence là

Tu ne peux pas compter uniquement sur les apports des associés ou les crédits bancaires. Ton entreprise doit apprendre à s’auto-financer rapidement.

L’auto-ressource, c’est la capacité à générer du résultat grâce à ton activité. C’est ce qui fait la vraie solidité d’un business.

Chaque euro gagné par ton entreprise te rend moins dépendant des autres et plus maître de ton avenir.

5. Tu n’as pas besoin d’être expert… mais tu dois être conscient

Le livre insiste : tu n’as pas besoin de tout comprendre dès le début. Ce qui compte, c’est :

• De savoir lire un minimum tes états financiers,
• De dialoguer intelligemment avec ton comptable, ton banquier ou un investisseur,
• D’avoir un réflexe de pilotage financier, même simple.

Cela commence par une formation de base (comme ce livre) ou un accompagnement ponctuel.

Conclusion : Devenir un entrepreneur « éclairé »

La finance n’est pas un mur, c’est une fenêtre. Elle te permet de voir où va ton entreprise, d’éviter les pièges, de saisir les bonnes opportunités.

Même sans être expert, tu peux devenir un entrepreneur éclairé, capable de prendre de bonnes décisions au bon moment.

Et cela commence par une prise de conscience : la réussite de ton business passe aussi par la maîtrise de tes chiffres.