Innover par le risque : l’audace raisonnée des entreprises qui gagnent

Arnaud DROH

Dans un monde où l’incertitude règne en maître — crises économiques, ruptures technologiques, instabilités géopolitiques — une question s’impose aux entrepreneurs : faut-il fuir le risque ou l’embrasser ?

Jean Le Ray, dans son ouvrage De la gestion des risques au management des risques, apporte une réponse audacieuse : le risque n’est pas un ennemi, mais un levier de progrès. À condition, bien sûr, de le comprendre, de le cadrer, et de l’utiliser avec intelligence.

Le vrai visage du risque : une opportunité déguisée

Traditionnellement, le mot « risque » évoque la peur, la perte, l’échec. Mais dans l’univers de l’entreprise, chaque innovation majeure est née d’un pari, d’un pas dans l’inconnu : Uber, Tesla, Airbnb n’ont pas été fondées sur la certitude, mais sur la prise de risque assumée.

« Entreprendre, c’est se lancer. Même si l’aventure a été préparée, elle n’implique ni la certitude de réussir… ni celle d’échouer. »

Le bon entrepreneur n’élimine pas les risques. Il les identifie, les pèse, les choisit. Il transforme la peur en stratégie.

La clé : passer de la peur à la maîtrise

Jean Le Ray distingue deux approches :

  • La gestion du risque : réactive, cloisonnée, souvent centrée sur la conformité ou la peur de l’accident.
  • Le management du risque : une approche proactive, intégrée à la stratégie, qui vise à réduire les menaces ET saisir les opportunités.

Concrètement, cela veut dire :

  • cartographier ses risques ;
  • les classer selon leur impact et leur probabilité ;
  • décider en connaissance de cause.

Le risque comme moteur d’innovation

Voici pourquoi accepter le risque, c’est stimuler la créativité :

  • Cela pousse à sortir du cadre, à imaginer des solutions inédites ;
  • Cela développe l’agilité : une entreprise qui vit avec l’incertitude apprend à s’adapter vite ;
  • Cela renforce la résilience : on anticipe mieux les crises car on a déjà intégré la culture du doute constructif.

Le management du risque, loin de brider l’action, devient un outil de performance, de confiance et d’engagement collectif.

Un risque bien géré ≠ un risque évité

Il ne s’agit pas de tout prévoir. Le monde est trop complexe pour ça. Il s’agit de :

  • préparer les esprits à l’incertitude,
  • organiser les apprentissages en cas d’erreur,
  • récompenser l’initiative, même si elle n’aboutit pas toujours.

Les entreprises qui gagnent aujourd’hui ne sont pas celles qui évitent tous les risques. Ce sont celles qui acceptent d’en prendre, mais de manière raisonnée, concertée, et éclairée.

En résumé : comment transformer le risque en valeur

  1. Reconnaissez que le risque est partout — dans l’inaction autant que dans l’action.
  2. Créez une culture du dialogue autour du risque : ne le laissez pas aux seuls experts.
  3. Faites du risque un critère stratégique, pas un simple indicateur de conformité.
  4. Célébrez l’audace, même imparfaite : c’est le terreau de l’innovation durable.

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