Structurer sa gouvernance pour réussir : le modèle des 3 lignes appliqué à une PME
Arnaud DROH
Dans l’univers dynamique des petites et moyennes entreprises, la gouvernance est souvent abordée de manière intuitive : une direction qui décide, des équipes qui exécutent, et un comptable qui contrôle les chiffres. Pourtant, en s’inspirant de bonnes pratiques issues de l’audit interne, une PME peut structurer sa gouvernance de façon stratégique… sans lourdeur inutile.
Cet article s’inspire du Manuel d’audit interne – Améliorer l’efficacité de la gouvernance, du contrôle interne et du management des risques, un ouvrage de référence écrit par Kurt F. Reding et al. et publié sous l’égide de la Fondation pour la recherche de l’Institute of Internal Auditors (IIA).
Le modèle des « trois lignes » : un cadre simple et puissant
Issu des standards internationaux de gouvernance, le modèle des trois lignes de maîtrise permet de clarifier les rôles et responsabilités au sein de l’organisation. Son objectif ? Renforcer la transparence, la réactivité et la maîtrise des risques.
1ère ligne : l’opérationnel, au cœur de l’action
Ce sont les équipes terrain (production, ventes, service client…). Elles portent la responsabilité directe de réaliser les objectifs et de gérer les risques au quotidien.
Dans une PME ? Il s’agit souvent des dirigeants eux-mêmes ou d’une équipe réduite qui jongle entre exécution et gestion.
2e ligne : les fonctions de contrôle et de pilotage
Elle regroupe les fonctions support : finance, qualité, sécurité, conformité, qui aident à structurer l’activité. Elles posent les règles, mettent en place des procédures et accompagnent l’opérationnel dans la gestion des risques.
Dans une PME ? Ce rôle est parfois sous-estimé, mais peut être porté par un responsable administratif ou un consultant externe.
3e ligne : l’audit interne (ou l’œil indépendant)
Elle assure une évaluation objective : l’entreprise respecte-t-elle ses propres règles ? Ses dispositifs de contrôle sont-ils efficaces ? L’objectif est d’apporter un point de vue critique et constructif.
Dans une PME ? Ce rôle peut être tenu ponctuellement par un expert-comptable, un auditeur externe ou un comité d’accompagnement.
Pourquoi ce modèle est utile à une PME ?
- Clarifier les rôles : savoir qui fait, qui contrôle et qui évalue évite les conflits, les oublis et la dilution des responsabilités.
- Renforcer la résilience : les risques (financiers, humains, cyber…) sont mieux anticipés.
- Gagner en crédibilité : auprès des partenaires, banques, clients ou investisseurs.
- Structurer la croissance : plus l’entreprise grandit, plus ce cadre devient vital.
Comment l’adapter simplement à votre PME ?
- Formalisez vos objectifs (stratégie, performance, conformité).
- Attribuez les rôles de chaque « ligne », même s’ils sont tenus par la même personne au départ.
- Documentez les processus clés (ventes, facturation, recrutement…).
- Faites auditer régulièrement vos pratiques (par un pair, un cabinet, un organisme).
- Impliquez vos collaborateurs dans cette logique de maîtrise.
En conclusion
Le modèle des trois lignes n’est pas réservé aux grandes entreprises ou aux multinationales. C’est un outil de bon sens pour piloter son entreprise avec clarté, rigueur et agilité. En structurant votre gouvernance, vous posez les fondations d’un business durable, crédible et prêt à grandir.
